La France gastronome
Par danieldorn | Le 28/02/2019 | A Lire
"Parbleu ! Il n’y a que les imbéciles qui ne soient pas gourmands.
On est gourmand comme on est artiste, comme on est instruit, comme on est poète.
Le goût c’est un organe délicat, perfectible et respectable comme l’oeil et l’oreille. Manquer de goût c’est être privé d’une faculté exquise, de la faculté de discerner la qualité des aliments, comme on peut être privé de celle de discerner les qualités d’un livre ou d’une œuvre d’art.
C’est être privé d’un sens essentiel, d’une partie de la supériorité humaine; c’est appartenir à une des innombrables classes d’infirmes, de disgraciés et de sots dont se compose notre race.
C’est avoir la bouche bête, en un mot, comme on a l’esprit bête". Extrait du Rosier de Madame Husson (1888), œuvre de Guy de Maupassantcitée par l’historien Antoine de Baecque dans son ouvrage La France Gastronome - Comment le restaurant est entré dans notre histoire, publié le 23 janvier dernier (éditions Payot).
Comment le restaurant est entré dans notre histoire
Antoine De Baecque
Notre gastronomie est née à la fin du XVIIIe siècle.
Quelques décennies plus tard, elle avait conquis le monde.
Grâce à l’invention du restaurant à l’automne 1765, puis à son formidable essor à la Révolution et au XIXe siècle, plus personne n’ignore désormais que le Français aime manger, qu’il mange bien et qu’il sait en parler. Nous le devons à Mathurin Roze de Chantoiseau, le premier restaurateur de l’histoire, mais aussi à Grimod de La Reynière, premier grand critique gastronomique, à Antoine Carême, premier cuisinier vedette, à Brillat-Savarin, premier intellectuel de la table, et à Escoffier, qui propulsa la cuisine française dans la modernité.
Nous le devons encore à la sauce poulette, qui permit aux restaurateurs de s’imposer définitivement face aux traiteurs et aux aubergistes, et nous le devons aux centaines de milliers de clients que les cuisiniers durent ensuite apprendre à séduire quotidiennement.
C’est ce moment historique de notre culture que raconte Antoine de Baecque, le moment où la cuisine est devenue un trait spécifique de l’identité française.